La fondation Mozilla dispose aujourd’hui d’un couple de logiciels de référence :
- Firefox, le navigateur le plus sophistiqué à l’heure actuelle grâce à son écosystème d’extensions (voir ce billet) ;
- ThunderBird, un client de messagerie de référence, à tel point qu’Eudora a choisi d’abandonner son moteur pour se greffer sur celui de Mozilla (cf. abandon par Borland de Jbuilder au profit d’Eclipse). Il manque toujours à ThunderBird la gestion d’agenda et de tâches, mais l’extension Lightning devrait à terme lui permettre de rivaliser avec Outlook.
La fondation Mozilla est par ailleurs en train d’achever un RunTime comparable par certains aspects à la machine virtuelle Java ou au framework .NET, intitulé « XUL runner ». Si XUL Runner ne séduit pas les entreprises pour l’instant, du fait du manque de compétences XUL sur le marché, on peut parier qu’il va prendre la direction qu’a pris Eclipse RCP en devenant un socle d’exécution de référence pour les applications Open Source.
Si on considère l’offre de Mozilla comme un ensemble de logiciels collaboratifs Open Source en devenir, on peut imaginer qu’elle viendra un jour concurrencer deux offres très intégrées :
- L’offre de Microsoft bâtie autour d’Office/Groove et Office Communicator ;
- L’offre Workplace d’IBM bâtie sur Eclipse RCP.
Dès lors, on peut imaginer que Mozilla fournira un jour :
- Un outil de messagerie instantanée : une version améliorée de ChatZilla intégrant la voix, l’échange de fichiers, etc.
- Un traitement de texte : on n’en est pas très loin puisque la fondation dispose d’un éditeur HTML et d’un correcteur orthographique ;
- Un tableur : ça semble possible puisque XUL permet de manipuler des DataGrids (grille de calcul) ;
- Un outil de présentation : ce sera l’outil le plus complexe à développer, compte tenu de l’existant.
Ces nouveaux outils seraient plus beaucoup simples qu’OpenOffice dont ils ne couvriraient que 20% de fonctionnalités correspondant à 80% des besoins utilisateurs. Ils utiliseraient son format de fichier OpenDocument. Ils tireraient avantage du puissant système de déploiement et de mise à jour de Mozilla.
Mozilla pourrait laisser la communauté développer ces outils sous forme d’extensions, mais on perdrait en homogénéité.
On peut imaginer que cet ensemble d’outils Mozilla serait utilisé par les usagers de services bureautiques Web 2.0 (comme Google Docs & Spreadsheets), lorsqu’ils souhaiteront travailler en mode déconnecté, c’est-à-dire depuis un train ou un avion. Cette possibilité est d’autant plus vraisemblable que Firefox 2 a introduit un système de gestion du mode déconnecté.
Ainsi, je ne serais pas étonné de voir se renforcer les partenariats entre les acteurs du monde Web 2.0 et Mozilla.
J’aurais souhaité discuter de ces projections avec Tristan NITOT lors de la soirée de lancement de Firefox 2, la semaine dernière, mais je me suis inscrit un peu tard…
Espérons qu’il tombera sur ce billet…