Le tactile : anecdotique ou révolutionnaire ? sur Atelier.Fr

J’ai publié cette semaine une tribune sur le site de l’Atelier à propos des interfaces tactiles. Le propos de cette tribune était de livrer une réflexion sur la montée en puissance du tacile dans les domaines grand public et professionnel. L’Atelier ayant fait des coupes dans mon texte, j’en reproduit ici une version intégrale :

Cette fin d’année 2010 va voir apparaître de nombreuses tablettes tactiles : à côté de l’iPad, vont sortir des systèmes sous Android, Windows 7, WebOS, etc. Cette actualité rend le questionnement sur la montée en puissance de ce nouveau paradigme d’interface homme machine très prégnant.

Rupture dans les périphériques de saisie

Depuis quelques temps, Apple offre sur ses ordinateurs portables des TrackPads qui permettent des interactions tactiles sophistiquées : mouvement “multitouch” à 2, 3, 4 doigts.
Ces fonctions ont un tel succès qu’elles ont été déclinées sur la Magic Mouse, et plus récemment sur le Magic TrackPad, pour les ordinateurs de bureau. Le pointage par TrackPad offre de nombreux avantages : mouvement à plusieurs doigts, inutile de lever la main pour attraper sa souris, possibilité d’utiliser le TrackPad comme une tablette graphique (voir la solution Inklet). Il remet sérieusement en cause la souris et autres systèmes de pointages. A titre personnel, j’ai abandonné la souris il y a un an…
Les claviers virtuels étaient fortement critiqués à l’époque des PDA Windows Mobile et Palm. Ils sont aujourd’hui largement adoptés sur les iPhone, iPad, Android, et le seront sur le prochain Windows Phone 7. Ils offrent plusieurs avantages  : la suggestion de mots et la correction orthographique “sous les doigts”, sans avoir à placer sa main sur un autre périphérique, la contextualisation du clavier, par exemple lors de la saisie d’une adresse email. Les claviers virtuels ont donc gagné la partie, hors besoins de saisie intensive.

Rupture sur les interfaces graphiques

Le tactile franchira une étape décisive avec de nouvelles interfaces graphiques.
J’ai souvent remis en cause l’interface du bureau PC/Mac, car elle me semble être un héritage du démarrage de la bureautique, période à laquelle les utilisateurs avaient besoin d’une interface familière pour mieux accepter le changement. Le multifenêtrage caractéristique de ces interfaces est complètement inadapté au tactile. On devrait donc voir émerger de nouvelles interfaces de bureau basées sur une gestuelle de page tournée, et pensées pour un usage à plusieurs doigts (voir le concept 10/GUI). Dans ce domaine, l’iPad a peu innové, et j’attends beaucoup des prochaines générations pour tirer partie de nos 10 doigts dès l’écran d’accueil.
L’iPad est cependant un formidable laboratoire des nouveaux paradigmes d’interfaces tactiles dans un format d’écran comparable à celui d’un PC de bureau.
On peut citer le portage de la suite bureautique iWork sur iPad : je trouve l’utilisation d’un traitement de texte tactile extrêmement intéressant. L’outil est facile à appréhender et rend inutiles les aller/retours fastidieux entre périphériques. Je pense que le tactile va entrer dans la bureautique d’entreprise.
L’étonnante application de dessin Tactilis constitue un autre exemple intéressant : elle donne vie à des règles et compas virtuels de manière très naturelle. On peut ainsi entrevoir des applications métiers tactiles très sophistiquées.

En guise de conclusion

Quelques jours après l’achat de mon iPad, je l’ai mis entre les mains de ma grand mère de 90 ans, qui a été séduite. Je pense que le tactile va devenir rapidement la norme dans un contexte grand public. Windows et MacOS vont certainement revoir leurs interfaces dans ce sens. Et les entreprises devront porter toutes leurs applications B2C en tactile.
L’écosystème tactile B2B est encore jeune. Il est cependant séduisant de se projeter dans un scénario “poste de travail tactile” pour tous les utilisateurs qui ne font pas de la saisie intensive. On doit dès aujourd’hui réfléchir à des environnements métier totalement tactiles pour certaines professions (médecine, force de vente, chantiers, etc.)
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