L’annonce de l’augmentation du chômage en France en janvier est pour moi l’occasion de revenir sur l’impact d’Internet sur l’emploi. J’avais déjà abordé le sujet dans ce billet : Dématérialisation & gratuité des contenus.
Il est clair pour tout le monde que les secteurs de l’édition musicale et de la production de films ont été marqués par Internet ; la presse est aujourd’hui en pleine tourmente (voir cet article du Monde sur le New York Time) ; et l’édition de livres risque de souffrir prochainement de l’arrivée des e-books, comme le e-reader de Sony ou le Kindle d’Amazon.
Quelques secteurs menacés par la dématérialisation
Je pense que de nombreux autres secteurs seront affectés par la dématérialisation et l’accès à l’information par Internet.
- La banque de proximité a de moins en moins de sens : les utilisateurs gèrent eux mêmes leurs comptes sur Internet, et les informations financières issues du Web sont souvent plus pertinentes que les conseils des banquiers. Personnellement, je suis en train d’ouvrir un compte auprès de MonaBanq, un établissement qui ne dispose pas d’agences de détail.
- la distribution du courrier sera amenée à disparaitre dès que la signature électronique sera opérationnelle. Pour ma part, j’essaie de faire disparaitre le courrier de ma boite aux lettres en souscrivant au maximum à un suivi dématérialisé (télécom, électricité, gaz, etc.)
- l’administration : elle tend vers la dématérialisation pour les impôts, les procédures diverses (changement d’adresse, extrait d’acte de naissance, etc.)
- la distribution de matériels électroniques est menacée pour deux raisons : les comparateurs de prix sur Internet les rendent peu compétitifs. Et les conseillers en magasin sont complètement dépassés par la multiplication des appareils et ne savent généralement pas répondre à une question un peu pointue : le Web est une meilleure source d’information.
Cette liste est loin d’être exhaustive…
Le partage de proximité
Les problématiques environnementales, la baisse du pouvoir d’achat et la montée en puissance de l’Internet des objets vont probablement initier un autre mouvement : celui du partage des ressources entre voisins.
En effet, la connexion des objets à Internet permet facilement de mettre en contact des personnes qui souhaitent faire du covoiturage, emprunter la voiture de leur voisin pour transporter un meuble encombrant, emprunter la perceuse de leur voisin, etc.
Ces nouvelles pratiques vont mettre en difficulté le secteur automobile, celui de la location de voiture, celui du bricolage, etc.
L’émergence des amateurs éclairés
Les nouvelles technologies permettent aujourd’hui à des amateurs de produire des photos, des films, de la musique de qualité quasi professionnelle. Et on assiste à l’émergence de pratiques de « crowdsourcing » : il s’agit de confier à de petites taches à un grand nombre d’amateurs via le Web.
Un de mes amis dirige eyeka.com, une startup qui met en contact des marques avec des amateurs. Cette startup permet par exemple à une marque d’organiser un concours pour un nouvelle publicité, et de la payer moins chez que chez un grand, comme Publicis.
La montée en puissance du recours à l’amateurisme mettra en péril un certain nombre de secteurs.
Cet amateurisme pourrait se développer encore plus avec la disponibilité annoncée d’imprimantes 3D. On peut imaginer un futur proche où des amateurs téléchargeraient des modèles sur Internet et fabriqueraient chez eux des objets simples comme des vases, des bibelots, etc.
On assisterait ainsi à un retour à l’artisanat, et à une diminution de la production de masse en usine.
Si les outils de découpe laser se démocratisaient, il serait aussi possible de récupérer un patronage sur le Web et de faire soi même ses vêtements. Issey Miyake a déjà tenté des expérimentations dans ce sens avec son projet A-POC.
En conclusion ?
Mon intention n’est pas de brosser un tableau funeste de notre avenir. Personnellement, je ne pense pas qu’Internet va mettre tout le monde au chômage, mais que les métiers vont changer. L’enjeu est donc d’être ouvert à des changements fréquents de métiers et d’employeurs au cours de sa vie professionnelle. Et le retour à des pratiques de voisinage et d’artisanat me parait plutôt positif.
Et vous, qu’en pensez vous ?