J’ai eu l’occasion d’échanger avec différentes personnes intéressantes lors de la journée Poste de travail, organisée il y a quelques temps par 01 Informatique. J’ai digéré ces informations, et je vous propose ici ma vision de l’évolution du poste de travail.
Le poste de travail aujourd’hui
Aujourd’hui, nos entreprises utilisent essentiellement des PC Intel/Windows/Office, souvent surdimensionnés pour des besoins basiques de type collaboratif. J’ai déjà abordé le sujet sur le site de l’atelier.
Si les alternatives tels que les netbooks sont peu répandues, c’est essentiellement car Windows est le système le plus versatile du marché. Il constitue une forme de garantie si jamais on avait besoin d’une (hypothétique) fonction avancée dans le futur.
Le prix à payer pour cette versatilité est lourd : problématiques de télédistribution, de gestion anti-virus, de gestion de configuration, d’obsolescence rapide, etc. Et Le TCO d’un poste utilisateur peut aller jusqu’à 10 000€/poste et par an, selon Gartner.
La piste du Cloud PC
Le « Cloud PC » est un néologisme que j’introduis ici pour évoquer un appareil dédié à l’usage exclusif d’applications SaaS telles que Google Apps, Salesforce, WebEx, etc. (je l’avait intitulé FirePC dans ce billet, en me focalisation sur Firefox).
Le Cloud PC utilise uniquement des interfaces RIA (Rich Internet Application). Il sait répondre à l’incontournable problématique du mode déconnecté de manière propriétaire, grâce à Google Gears. Dans le futur, il y répondra via le standard HTML5.
Le Cloud PC présente un certain nombre d’atouts : il permet un accès simple aux applications pour l’utilisateur en situation de nomadisme ou à son domicile ; la perte ou le vol du Cloud PC est sans importance pour la sécurité des données d’entreprise car il représente une simple interface.
Quelques projet en phase de R&D aujourd’hui vont dans le sens du Cloud PC : Google a par exemple annoncé Chrome OS un système d’exploitation destiné uniquement à exécuter un navigateur. Les systèmes allégés JoliCloud et Moblin vont aussi dans ce sens, avec en cible un poste à moindre coût.
La piste du poste virtuel
L’idée d’exécuter les environnements utilisateurs sur une machine centrale est proposée depuis quelques années par Citrix, VMware ou Microsoft sur des terminaux passifs NEC, HP ou Wyse.
La genèse de ce modèle a été basée sur les deux constats suivants :
- Il est parfois impossible de se couper brutalement du parc applicatif client/serveur reposant sur Windows.
- Il est souhaitable de simplifier les problématiques de gestion de parc en centralisant les machines.
Citrix a donc été l’initiateur du concept de « virtualisation d’application ». Puis le désir de d’utiliser le même principe pour l’ensemble du poste de travail a fait émerger l’idée d’un « poste virtuel » rendu possible par la montée en puissance des technologies de virtualisation. L’idée consiste à conserver un socle utilisateur sous Windows, mais ce socle est exécuté par une machine serveur centralisée.
De même que le Cloud PC, le poste virtuel simplifie les problématiques de gestion de parc et de sécurité des données. Il autorise un moindre coût, et un certain nombre de perspectives intéressantes :
- Avec un terminal passif propulsé par un simple hyperviseur, il est envisageable à terme de se passer de système d’exploitation en appelant uniquement des applications virtualisées. Cette perspective permet d’envisager une réduction de coûts supplémentaire.
- L’hyperviseur du terminal passif devrait permettre, à moyen terme, de charger la machine virtuelle en local et de fonctionner en mode déconnecté. La machine virtuelle serait alors synchronisée avec le serveur lorsque celui ci serait à nouveau disponible.
- Un hyperviseur sur mobile (iPhone, Blackberry, etc.) devrait permettre d’accéder prochainement à son poste virtuel en situation de mobilité.
- L’isolation de toutes des données et applications d’entreprise sur une machine virtuelle autorise l’usage d’un terminal utilisateur banalisé. Cette perspective permet d’envisager, à moyen terme, l’achat de sa machine par l’employé lui même. Ce nouveau modèle de gestion du poste utilisateur commence à être envisagé par un certain nombre d’entreprises.
En conclusion ?
Pour moi, le Cloud PC est la cible à long terme. En effet, le RIA répond aujourd’hui à toutes les attentes utilisateurs (ergonomie, productivité, gestion du mode déconnecté) et à celle de la DSI (moindre coût, et simplicité de déploiement).
Pour les entreprises qui conserveront un parc client/serveur pendant encore quelques années, le poste virtuel est la bonne alternative. Il répond différemment, mais efficacement aux besoins des utilisateurs et de la DSI.
Il me semble que, dans tous les cas, le modèle WinTel est fortement challengé.
Qu’en pensez vous?