Cloud Desktop versus bureau Windows

Je reproduis ici une tribune que j’ai publié la semaine dernière sur le site de l’atelier.fr :

Introduction au Cloud Desktop

Les systèmes d’exploitation « classiques » Windows et Mac proposent la personnalisation d’un environnement de travail en créant des liens entre des applications et des espaces de persistance de données. Je m’explique : le « menu démarrer » propose des liens vers les applications, tandis que l’«explorateur de fichiers» pointe vers divers espaces de stockage locaux ou distants. Les applications peuvent alors interagir avec les données en suivant ces liens.

Certains services du Cloud reprennent ces concepts : par exemple, il est possible d’éditer des fichiers bureautiques stockés sur box.net avec la suite zoho.com, de corriger des photos stockées sur flickr.com avec l’éditeur en ligne picnik.com, etc. Le Cloud propose aussi des environnements de travail, comme g.ho.st ou eyeos.org, qui tissent des liens vers des applications Cloud et des espaces de stockage Cloud. Je les appellerai Cloud Desktop.

Ne pas reproduire l’existant

La première génération de  Cloud Desktop a connu un échec car elle a voulu reproduire le bureau Windows à l’identique. Or, reproduire ce qui existait sans le changer pose ici des problématiques d’ergonomie et de performance. Il n’y a pas beaucoup d’intérêt à avoir, dans une page Web, des fenêtres applicatives flottantes ; ça devient même carrément ridicule quand on propose une fenêtre de navigateur Web dans un navigateur Web…

D’autres pistes de Cloud Desktop sont plus prometteuses : des pages personnalisable comme netvibes.com, ou bien des interfaces capables d’accueillir des « gadgets » tiers comme gmail.com. La sortie de la Google Apps Marketplace, il y a quelques semaines, marque une avancée majeure dans la montée en puissance du Cloud Desktop : elle permet en effet d’intégrer de nombreuses applications au sein de la suite Google. Ces applications sont alors appelables depuis le menu « more » (un pendant du « menu démarrer ») et elles peuvent exploiter des données stockées dans Googles Docs ou ailleurs.

Un bureau intégré ?

Le Cloud Desktop reprend donc le fonctionnement du bureau classique avec son « registre » en bénéficiant des avantages du Web. Il pose cependant un problème : celui d’une identité en ligne unique. En effet, accéder à N applications avec N identifiant/mot de passe est assez pénible. 2 solutions existent à ce problème : la première consiste à utiliser un Cloud Desktop intégré comme Google Apps. Avec cette approche intégrée, l’identité est centralisée par Google Apps. La seconde consiste à assembler soi même ses applications et espaces de stockages autour d’une identité fédérée. Pour suivre la seconde approche, il faut maitriser OpenID et les mécanismes de la fédération d’identité. Elle est donc réservée à des utilisateurs aguerris.

Dans le futur, on risque de retrouver avec Google Apps le syndrome d’enfermement qui a fait l’hégémonie de Windows depuis 15 ans. Et seuls les utilisateurs avancés, qui maitriseront la fédération d’identité, pourront éviter l’enfermement, un peu comme les utilisateurs de Linux qui ont appris à se passer de Windows.

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